Remodeler l'environnement des affaires à Madagascar pour stimuler son développement économique
Le Cabinet Saint-Louis Juridique exerce depuis 3 ans à Madagascar et a pu observer de près les défis auxquels font face les entreprises et les investisseurs dans un contexte économique et réglementaire complexe. Cependant, nous avons également eu l'occasion de constater les efforts du gouvernement malgache pour améliorer le climat des affaires dans le pays.
Comment évaluez-vous le cadre juridique actuel vis-à-vis du développement de l’entrepreneuriat à Madagascar ?
Madagascar a un certain nombre de lois qui sont désuètes et qui doivent être révisées. Certaines de ces lois datent de plusieurs décennies et ne répondent plus aux besoins actuels de la société.
En outre, de nombreux textes de loi en attente de décret d'application ne sont toujours pas en vigueur. Cela est particulièrement préoccupant s’agissant de la Loi sur la Protection des données à caractère personnel et de celle sur la Signature électronique, qui sont essentielles pour le développement entrepreneurial d’un pays.
En effet, sans une loi efficace sur la protection des données, les entreprises ne peuvent pas garantir la sécurité des informations personnelles de leurs clients et de leurs employés. Cela peut entraîner une perte de confiance de la part des clients et des partenaires commerciaux, ce qui peut entraver la croissance économique.
Ces lois sont nécessaires pour assoir une confiance dans les transactions internationales et pour faciliter les transactions commerciales en ligne, qui sont de plus en plus importantes dans l'économie mondiale actuelle. Sans application effective de ces textes, les entreprises malgaches risquent d’être moins attractives et de rester en retard par rapport à leurs concurrents internationaux.
De plus, les nouveaux textes de loi à venir doivent prendre en compte les enjeux environnementaux et sociaux liés à l'exploitation des activités, tels que la protection des écosystèmes fragiles et des populations locales pour ne pas dissuader les investisseurs qui de nos jours cherchent des garanties environnementales et sociales solides pour leurs activités.
Il est donc important que les autorités malgaches prennent des mesures pour permettre une mise en application de ces lois afin de garantir un environnement juridique favorable au développement économique du pays.
Selon vous, quels sont les défis majeurs rencontrés par les entrepreneurs malgaches ?
Le premier frein au développement de l’entrepreneuriat à Madagascar est certainement le manque d'infrastructures de base ou le manque d’entretien de ces infrastructures, telles que les routes, l'électricité et les télécommunications, etc. Le coût élevé et la faible qualité de ces services ont un impact direct sur l’activité des entrepreneurs rendant les activités commerciales plus difficiles et plus coûteuses. Il va sans dire que cela va évidemment entraver la compétitivité des entreprises malgaches sur les marchés régionaux et internationaux.
Les entrepreneurs ont également été confrontés à des obstacles tels que les problèmes de propriété foncière et les retards dans la délivrance des permis et des autorisations nécessaires pour des projets d'investissement. Les coûts de production peuvent être élevés en raison des coûts d'importation élevés des matières premières et des équipements.
Peut-on concilier traditions malgaches et développement entrepreneurial ?
Il est tout à fait possible de sensibiliser la population aux avantages de l'entrepreneuriat tout en préservant les valeurs culturelles et traditionnelles de Madagascar.
Il est important de souligner que les traditions malgaches sont une force pour le développement entrepreneurial. Par exemple, la culture de l'artisanat et de l'agriculture, qui est ancrée dans les traditions malgaches, peut offrir des opportunités pour les entrepreneurs locaux et contribuer à la croissance économique.
Cependant, les traditions malgaches peuvent également représenter un frein pour le développement entrepreneurial à Madagascar, en particulier dans les zones rurales où ces traditions sont encore très présentes. Par exemple, la pratique du fihavanana, qui consiste en une solidarité communautaire et une aide mutuelle entre les membres d'une même communauté, peut parfois entraver la prise de risque individuelle et l'initiative entrepreneuriale.
En fin de compte, pour encourager le développement entrepreneurial à Madagascar, il est important de travailler à la fois sur les freins culturels et sur les opportunités économiques offertes par les traditions malgaches.
Quid de l’entrepreneuriat féminin à Madagascar ?
Les femmes sont une ressource clé pour l'économie malgache qui doivent être pleinement intégrées dans le tissu politique, économique et social du pays. En effet, les femmes sont souvent confrontées à des obstacles tels que la discrimination, le manque d'accès à l'éducation et aux ressources, et des normes sociales qui limitent leur participation active dans l'économie.
De plus, certaines traditions culturelles peuvent conduire à la marginalisation des femmes dans la sphère économique et politique. Les femmes ont souvent un accès limité aux ressources économiques et sont confrontées à des préjugés culturels qui entravent leur participation active dans l'économie.
Cependant, il est important de noter que des progrès ont été réalisés ces dernières années pour favoriser l'inclusion des femmes dans l'économie malgache. Des décisions pour mettre en place un gouvernement avec une forte représentation féminine ont été prises récemment, avec neuf femmes occupant des postes ministériels clés. Cette décision a été saluée comme un signal fort de l'engagement du gouvernement en faveur de l'égalité des sexes et de la promotion de l'inclusion des femmes dans tous les secteurs de la société, y compris la politique et l'économie.
Des initiatives privées pour soutenir l'entrepreneuriat féminin à Madagascar ont également été prises, telles que la mise en place de programmes de formation et de mentorat pour les femmes entrepreneures, ainsi que l'octroi de prêts et de subventions pour les aider à démarrer et développer leurs entreprises.
Malgré ces avancées, les organisations gouvernementales et non gouvernementales peuvent davantage travailler ensemble pour développer des programmes qui favorisent l'entrepreneuriat féminin et offrent un accès équitable aux ressources économiques.
En fin de compte, l'inclusion économique des femmes est essentielle pour la croissance économique et le développement durable de Madagascar.
Quelles solutions peuvent être envisagées pour améliorer l’environnement entrepreneurial à Madagascar ?
Les démarches pour créer une entreprise à Madagascar sont longues et fastidieuses. En effet, les délais de traitement des dossiers administratifs peuvent être très longs. Il serait donc nécessaire de simplifier les procédures administratives de création d'entreprise pour faciliter l'accès des entrepreneurs au marché. Cela pourrait réduire efficacement les délais de traitement correspondants. Une réforme en ce sens est déjà en cours.
De plus, la mise en place d’un système rapide et transparent de délivrance des permis et autorisations nécessaires pour les projets d'investissement serait un outil efficace pour assainir l’environnement. Cela peut être accompli en rationalisant les procédures administratives et en renforçant la collaboration entre différentes agences gouvernementales.
Ensuite, il serait également important de mettre en place des programmes de formation pour les entrepreneurs. Ils ont besoin de compétences pour réussir dans leur entreprise. Des programmes de formation sont donc nécessaires pour les aider à développer leurs compétences.
Madagascar doit également moderniser et renforcer la sécurité de son cadre juridique et réglementaire pour le rendre plus adapté aux réalités économiques et sociales actuelles. Cela permettra de favoriser l'innovation et la créativité des entrepreneurs. L’Etat doit en ce sens garantir que leur application soit transparente et prévisible.
Des réformes législatives sont également à initier. Renforcer le cadre légal concernant la protection des droits de propriété serait un gage de protection pour les entrepreneurs.
Madagascar devrait davantage faciliter l'accès des entreprises au financement, en particulier les PME. Des mécanismes en ce sens ont déjà été mis en place. A l’exemple du Ghana, l’Etat Malgache pourrait mettre en place des mesures incitatives pour encourager les efforts dans des secteurs clés. De plus, il pourrait investir dans des infrastructures adéquates pour améliorer l'accès aux marchés et faciliter la circulation des biens et des personnes. Il est évident que des investissements doivent être réalisés dans les infrastructures de base et leur entretien pour réduire les coûts et améliorer la qualité des services.
En conclusion, l'environnement des affaires à Madagascar doit être amélioré pour stimuler le développement économique du pays et attirer davantage les investisseurs. Cela nécessite une volonté politique forte pour lutter contre la corruption et investir dans les infrastructures de base. Madagascar doit également miser sur des politiques qui encouragent l'éducation, la formation professionnelle.
Pour optimiser le traitement administratif à Madagascar, quelle proposition pouvez-vous avancer ?
La digitalisation des procédures pour obtenir des licences et les permis administratifs peut accélérer et simplifier le processus, tout en réduisant le risque de corruption.
En effet, la numérisation permet de centraliser les informations et de rendre les données accessibles en temps réel. Les entreprises peuvent donc soumettre leurs demandes d’autorisation en ligne, sans avoir à se déplacer physiquement auprès des autorités administratives compétentes. Les autorités peuvent également traiter les demandes plus rapidement, car elles peuvent être gérées électroniquement, avec des rappels automatiques et des notifications en temps réel.
En outre, la numérisation peut contribuer à réduire le risque de corruption en fournissant une piste d'audit claire et transparente. Les autorités peuvent surveiller le processus de manière plus efficace, en vérifiant les informations soumises et en surveillant l'avancement des demandes. Si une demande est incomplète ou contient des informations inexactes, elle peut être rejetée automatiquement, sans intervention humaine. De même, les entreprises peuvent suivre l'état de leur demande et savoir exactement où en est le processus.
Enfin, la numérisation peut améliorer la qualité des données et des informations, en permettant une meilleure collecte, une meilleure gestion et une meilleure analyse des données. Les autorités peuvent ainsi prendre des décisions plus éclairées et mieux informées, basées sur des données fiables et précises.
Il est donc essentiel de continuer à investir dans la numérisation des services publics pour améliorer l'efficacité et la transparence de l'administration publique.
Quels conseils donneriez-vous pour assurer le développement entrepreneurial malgache ?
Nous encourageons les jeunes entrepreneurs à s'informer sur les programmes de soutien disponibles pour les startups et à chercher des partenaires locaux pour les aider à naviguer dans le paysage des affaires malgache. Il est également important de chercher des mentors et des conseillers expérimentés pour aider à élaborer des plans d'affaires solides et durables.
Pour les autorités locales, la mise en place de mesures concrètes pour améliorer l'environnement des affaires doit être priorisée. Ces mesures doivent viser l’éradication de la corruption, le renforcement de la sécurité juridique et la simplification des procédures administratives. Cela encouragera l'esprit d'entreprise chez les jeunes malgaches, qui sont la clé de l'avenir économique du pays.

Soamiadana Rabetsaroana
Avocate passionnée par son métier, Soamiadana a toujours été attirée par les sciences économiques et juridiques, ce qui l'a conduite à intégrer une école préparatoire éco-droit.
Après un Master en Droit des affaires – Contentieux des Affaires et après avoir prêté serment au Barreau de Paris, son parcours lui a permis de décrocher un poste dans le prestigieux cabinet parisien SAINT-LOUIS AVOCATS.
Cependant, son attachement profond pour son pays natal et sa culture foisonnante l'ont amenée, avec ses associés parisiens, à fonder le Cabinet SAINT-LOUIS JURIDIQUE à Madagascar.
Grâce à son dynamisme et à sa détermination, Soamiadana a accompagné de nombreux clients dans la mise en place de projets ambitieux à Madagascar, en leur offrant un soutien juridique et fiscal solide.
Elle est également profondément attachée à la démocratisation du droit et à la lutte contre l'exclusion juridique.